L’histoire sous la Résidence : les caves Patriarche

Sous les pavés du centre historique de Beaune, capitale des vins de Bourgogne, un labyrinthe de pierre de cinq kilomètres cache un véritable trésor : dans les caves Patriarche les tunnels rocheux accueillent plus de deux millions de bouteilles, certaines datant de plus d’un siècle.

C’est au-dessus de ces galeries hors du temps et chargées d’histoire qui a vu le jour la nouvelle Résidence Patriarche, mais on va maintenant descendre dans ce labyrinthe de caves et dans le temps pour comprendre l’histoire de ce lieu emblématique de la ville de Beaune.

 

Photo Credit : Jeremie Lorand

 

C’est en 1632 que l’Ordre de la Visitation fonde son nouveau couvent à proximité des Hospices. Des caves sont construites en guise de fondation et également pour accueillir la production du domaine viticole que l’Ordre possède. Avec la Révolution, le bâtiment est réquisitionné.

Dans ce contexte particulier, la famille Patriarche, venue de Créancey et installée à Savigny depuis le milieu du XVIIIe siècle, s’implante à Beaune. Le premier à débuter le négoce du vin est Claude Patriarche, recteur d’école à Savigny, mais c’est son fils Jean-Baptiste qui fonde la maison de négoce Patriarche en 1780.

La Révolution représente une vraie opportunité d’ascension sociale pour les Patriarche, qui vont profiter   de l’ouverture du commerce vers le nord et l’actuelle Belgique pour développer leurs activités dans ces régions que Jean-Baptiste connait bien puisque qu’il s’était fixé un temps à Amiens. La maison Patriarche, en plein essor, se trouve trop à l’étroit à Savigny et cherche des bâtiments plus vastes au cœur de Beaune, pour en faire un lieu prestigieux pour accueillir sa clientèle qui s’étend désormais de l’Angleterre à l’Allemagne et se compose en grande partie de l’aristocratie des différentes Cours d’Europe.

 

Des vieux millésimes et des appellations prestigieuses….
Photo Credit : Jeremie Lorand

 

Jean-Baptiste Patriarche et son frère Jacques Elizabeth profitent de l’opportunité offerte par la vente des biens nationaux et des biens de l’Eglise confisqués dès le début de la Révolution. A Beaune, l’Eglise possède la moitié du foncier de la ville, en bâtiments, en vignes et en terres : la mise en vente de toutes ses possessions permet le début d’un immense transfert de propriété vers les grandes maisons de négoce qui peuvent s’implanter dans des bâtiments prestigieux.

Les Patriarche choisissent d’acquérir le couvent de la Visitation, situé rue du Collège et c’est avec un acte du 6 fructidor an 4 (année 1796) que Jean-Baptiste Patriarche en devient propriétaire, même si dans un premier temps il doit partager les lieux « aussi longtemps qu’il plaira à la République, et sans aucune indemnité,[avec] les magasins nationaux qui se trouvent dans ladite maison ». Patriarche doit également prendre à sa charge l’élargissement de la rue du Collège. Avec un prix d’achat de 4957 francs et 20 centimes, Jean-Baptiste Patriarche devient propriétaire de l’immense ensemble immobilier qui comprend les bâtiments conventuels et la chapelle, superbement décorée par le sculpteur beaunois Bonnet, ainsi que leurs caves, fort utiles à son commerce.

Les frères Patriarche souhaitent initialement implanter dans ces lieux une manufacture de laine, mais le projet n’aboutit pas et ils finissent pour y installer le négoce de vins qui continue à grandir et prospérer.

Après la Seconde Guerre mondiale, la maison est rachetée par André Boisseaux qui en fait l’une des plus importantes maisons de Bourgogne. Il engage une vaste partie de Monopoly en faisant l’acquisition de toutes les caves voisines du couvent, les reliant entre elles et condamnant les accès à la surface.

240 ans après sa fondation, les caves Patriarche sont les plus vastes de la région et les voûtes les plus anciennes datent du XIIIe siècle. Les appellations prestigieuses se succèdent dans les galeries : Pommard, Beaune, Nuits-Saint-Georges, Chassagne-Montrachet… . Au fond d’une d’entre elles, dans les anciennes cuisines du couvent, le père Patriarche veille sur ce trésor. La tradition veut qu’on lui touche la barbe pour porter bonheur.

 

Le père Patriarche surveille son trésor : toucher sa barbe porte bonheur
Photo Credit : Jeremie Lorand

 

Les caves historiques restent aujourd’hui propriété de la maison Patriarche mais quel privilège pour les habitants de la Résidence de vivre dans un endroit autant chargé d’histoire !

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